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Le
projet Kerkenes: phase I 1993-1997
Geoffrey et
Francoise Summers
Kerkenes,
l'antique Ptéria d'Hérodote, est la plus importante cité de l'Age
de Fer du plateau anatolien, son sommet proéminent dominant le paysage.
Sa position centrale est la clé qui permet de comprendre son choix
comme capitale occidentale de l'Empire Mède et la brièveté de sa
magnificence. Quelques oeuvres de l'Antiquité y font allusion :
Hérodote place Ptéria à l'est de la rivière Halys (aujourd'hui Kýzýlýrmak)
et la décrit comme la plus puissante forteresse de cette partie
de la Cappadoce. Le géographe byzantin Stephanos savait qu'elle
avait appartenu aux Mèdes.Nos recherches ont montré que l'Empire
Mède paradait avec l'ostentation typique des Empires de l'Antiquité
et avait élaboré un système de contrôle qui a facilité la consolidation
et l'extension du pouvoi perse sous les Achéménides. Une nouvelle
interprétation suggère que Ptéria fut peut-être fondée par les Mèdes
au lendemain de l'effondrement de l'Empire Néo-Assyrien. Auquel
cas, elle aurait été le point de départ de la guerre des cinq ans
contre les Lydiens, dont le point culminant fut "la Bataille de
l'Eclipse", le 28 mai, en 585 av. J.C. Selon Hérodote, Crésus l'a
détruite en 547 av. J.C. Après avoir suivi l'oracle qui semblait
l'inviter à traverser la rivière Halys, il se méprit sur le sens
de ce dernier, et croyant détruire l'Empire Perse, il vit son propre
empire détruit. Crésus réduisit les habitants de Ptéria au rang
d'esclaves et chassa d'innocents Cappadociens de la campagne environnante.
L'agression lydienne fut enfin arrêtée par l'usurpateur achéménide,
Cyrus le Grand, lors de la bataille de Ptéria, à l'issue indécise,
qui eut lieu plus bas dans la plaine.
Phase
1 : 1993 - 1997
Des cartes furent d'abord établies à partir de photographies
rectifiées, prises d'un ballon à hélium. L'étude de géophysique
montra alors l'intérêt de l'analyse à distance du sous-sol et les
tranchées effectuées produisirent une information abondante et variée.
Le caractère totalement urbain de la ville fut établi, la date du
6ème siècle confirmée et la destruction finale par le feu, vraisemblablement
de la main de Crésus, révélée de manière spectaculaire. L'enceinte
fortifiée fut étudiée en détail. Un important complexe de structures
publiques prédéfinies fut identifié sur l'arête située à l'extrême
sud, ainsi que ce qui semblaient être un édifice palatial, des écuries
impériales ou des entrepôts et un bassin pavé. L'étude de la partie
basse de la ville révéla des parcelles urbaines emmurées, déterminées
par l'administration et divisées par des rues et qu'un système de
gestion des eaux sophistiqué existait. L'étude géomagnétique suivie
de fouilles limitées, en collaboration avec Musa Özcan, Directeur
du Musée de Yozgat, ont permis de découvrir des formes architecturales
d'inspiration perse, des objets appartenent à des personnes de haut
rang, ainsi qu'une délicate plaque d'ivoire incrustée d'or, d'argent
et d'ambre. Le grand Temple, à l'extérieur du mur de défense, à
Karabaþ, fut étudié et relevé. La cartographie par G.P.S. et l'étude
géomagnétique des édifices ensevelis ont permis d'envisager la création
d'images 3D pouvant être combinées avec les photographies rectifiées
et les reconstructions architecturales. L'imagerie satellite ainsi
que l'étude de la région situaient alors la cité dans son environnement
le plus large, physique, culturel et historique.
Méthodes
et techniques
Un ballon à hélium, guidé par un
câble, sous lequel est fixé un appareil photographique est utilisé
pour obtenir des clichés verticaux et obliques à basse altitude.
La montgolfière CLOUD 9 permit de prendre les photos à haute altitude
en 1993. Une fois rectifiées, ces images peuvent être combinées
avec des relevés, des cartes topographiques détaillées ou des cartes
géophysiques.
L'étude topographique établie avec un G.P.S. (global positionning
system)de marque Trimble a fourni des modéles 3D détaillés du terrain.
Fin 1998, 350 000 points avaient été enregistrés, couvrant à peu
près un tiers de la ville. Les variations du champs magnétique sont
mesurées avec un magnétomètre GEOSCAN RM 32. La différence entre
ces valeurs de champs magnétique peut être causée par d'anciennes
activités humaines, comme la construction de murs, révélés par les
images traitées. A Kerkenes, une combinaison de facteurs produit
une cartographie géomagnétique particulièrement saisissante qui
contient des détails si précis que la position des montants brûlés
des portes est parfois visible.
Les tranchées ont facilité l'interprétation de la cartographie géomagnétique,
celle des usages des différents types de construction ou bien de
problèmes architecturaux spécifiques. La découverte inopinée d'objets
ayant appartenu à des personnalités de haut rang représenta une
satisfaction supplémentaire inattendue et bienvenue.
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